Gianrico Gualtieri

Une recherche entre tradition et modernité

 

Gianrico Gualtieri

Une recherche entre tradition et modernité

 

La recherche picturale de Gualtieri, bien qu'elle s'articule en plusieurs lignes de travail explorant des possibilités différentes, peut se résumer en une phrase : herméneutique des techniques traditionnelles. L'art s'identifie, pour lui, sans résidus avec la technique, par-delà toute conception trop idéaliste qui dévaloriserait le travail manuel. Et pour une raison très simple : art et technique sont de fait inséparables, intimement unies, et l'on ne peut accéder à l'art qu'à travers le chemin de la technique. Si on veut faire de l'art, il faut apprendre ce qu'a été l'art, et cela veut dire apprendre comment l'art a été faite.

L'artiste puise son inspiration dans l'atmosphère, au même temps austère et charnelle, sensuelle, du XVIIème siècle, le Grand Siècle ; sa recherche, sans y être confinée, gravite autour des thèmes des fleurs et des vanités, si chers à la culture de l'époque.

Après un long apprentissage technique, l'artiste opère d'abord le choix d'une mimesis historique : peindre des vanités comme au XVIIème siècle, s’imprégner de la culture de l'époque, la revivre, la reproposer comme quelque chose qui n'est pas dépassé ou révolu. Chaque langage a, en effet, une composante historique, il appartient à une époque ; mais parfois, tout ne s'arrête pas là, pour certains langages le temps n'est pas le berceau et le cercueil, il y a aussi une composante métaphysique de vérité qui est comme en dehors du temps. Ces langages-là, ils sont toujours actuels. Il y a donc lieu et espace pour une mimesis historique qui double l'imitation des objets, on imite des objets non seulement dans l'espace, mais aussi dans le temps. On interprète une culture, une époque, ce qui est significatif pour nous et avec lequel nous avons ouvert un dialogue intérieur.

C'est seulement sur cette base, sur la base de la mémoire et de l'étude, que toute interprétation qui recherche un pont, un passage entre le Grand Siècle comme apogée de notre civilisation et nos jours peut avoir du sens. C'est un travail lent, qui se fait au fil des années, dans le dialogue pratique et intérieur avec la peinture.

Il ne faut pas se tromper, l'enjeu de l'art a toujours été et sera toujours la technique. Aujourd'hui plus que jamais, il s'agit de la récupérer en tant que dimension fondamentale de la vie de l'homme et comme essence de l'art, par-delà toute conception liée au « message » et toute interprétation intellectuelle et conceptuelle des phénomènes artistiques.

La technique a le choix, elle peut s'oublier et n'être qu'un simple moyen pour obtenir un résultat ; nous le voyons tous les jours, c'est le choix le plus fréquent autour de nous. Ou bien elle peut tourner le regards sur elle-même et devenir elle-même un chemin et un but : la conscience que le processus qui conduit au résultat final a sa valeur, qu'il s'agit dans la technique, désormais, de le donner à voir, de ne plus le cacher. Mémoire, conscience, transparence, méditation, montrer la trame qui lie dessin, couleur, l'évidence plastique et la simple trace, voilà les lignes guide de la recherche de l'artiste.